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Les toits de Paris au patrimoine de l'Unesco: gloire aux artisans couvreurs-zingueurs

  • Photo du rédacteur: Patrick, Bricoleur passionné
    Patrick, Bricoleur passionné
  • il y a 20 minutes
  • 5 min de lecture

La consécration est arrivée l'année dernière. L'Unesco a reconnu (enfin?) le savoir-faire unique des couvreurs-zingueurs parisiens. Une lumière bienvenue sur un métier d'art, entre ciel et zinc, aussi exigeant que discret, qui sculpte le visage de la capitale.


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C'est quoi, au juste, un couvreur-zingueur?


💡 Le couvreur-zingueur c'est l'artisan responsable du toit, qui s'assure que le bâtiment est bien couvert et qu'il reste au sec, à l'abri des intempéries.

Son travail se divise en deux spécialités qui n'en font qu'une. Le couvreur pose le manteau du toit, que ce soit en ardoise, en tuile ou autre matériau. Le zingueur, lui, s'occupe de toutes les finitions en métal - principalement en zinc à Paris, d'où son nom. Il façonne et soude les pièces qui assurent l'étanchéité parfaite et la collecte des eaux de pluie. On parle ici des systèmes d’évacuation des eaux pluviales, pour utiliser le terme technique, c'est-à-dire les gouttières et les chéneaux qui protègent les murs des infiltrations. C'est un duo de compétences indissociables pour protéger le bâti.


Un savoir-faire parisien unique, désormais sanctuarisé


La nouvelle est tombée le 4 décembre 2024 et elle fait chaud au cœur: l'Unesco a inscrit « les savoir-faire des couvreurs-zingueurs parisiens » sur sa liste du patrimoine culturel immatériel.

Il faut dire que le paysage de la capitale doit tout à ces artisans. Cet océan de zinc gris-bleu, si caractéristique des toits haussmanniens, n'est pas né par hasard. Il est le fruit d'un travail manuel d'une technicité folle. Chaque toit est un puzzle en 3D où chaque pièce doit être parfaite. Les artisans maîtrisent des techniques ancestrales comme la pose à tasseaux, qui permet au métal de se dilater sans se déchirer. Ils savent façonner le faîtage (la ligne de rencontre au sommet du toit), tracer une noue (l'angle rentrant formé par deux versants) ou encore habiller une lucarne « œil-de-bœuf ». Ils connaissent les secrets du fameux toit « à la Mansart », avec son terrasson, la partie supérieure à faible pente, et son brisis, cette partie quasi verticale souvent couverte d'ardoises. C'est une grammaire architecturale que seuls ces professionnels maîtrisent à la perfection.


De l'artisanat d'art à la rénovation moderne


Cette reconnaissance de l'Unesco arrive à un moment charnière. Car au-delà des monuments historiques, le grand défi aujourd'hui, c'est l'adaptation à la rénovation thermique des bâtiments. Isoler un toit parisien sans dénaturer son esthétique et en respectant les contraintes techniques est un casse-tête. C'est là que des entreprises comme www.toiture.paris tirent leur épingle du jeu. Elles incarnent ce pont entre la tradition et la modernité. Ces équipes menée par le couvreur Joseph maîtrisent aussi bien la réfection d'une couverture en zinc dans les règles de l'art sur un immeuble du Marais que l'intégration d'une isolation performante ou la pose de fenêtres de toit modernes. Elles comprennent l'âme du bâti parisien et savent comment en prendre soin, que ce soit pour un simple entretien, une réparation de fuite ou une remise à neuf complète. C'est cette double compétence - le respect du patrimoine et la maîtrise des innovations - qui fait la valeur et l'avenir de ce métier.


Le chantier de Notre-Dame, une vitrine d'exception


Si le monde entier a pleuré en voyant la flèche de Notre-Dame s'effondrer, la reconstruction a offert une scène inespérée à ces métiers de l'ombre.


Le chantier de reconstruction de Notre-Dame de Paris a offert une belle vitrine aux artisans
Le chantier de reconstruction de Notre-Dame de Paris a offert une belle vitrine aux artisans

Le chantier de la cathédrale est devenu la plus belle démonstration de leur talent. Bien sûr, il y a eu les charpentiers et leur « forêt » de chêne. Mais juste au-dessus, les couvreurs ont réalisé un travail d'orfèvre. Il ne s'agissait pas de zinc ici, mais de son ancêtre sur les monuments historiques: le plomb. Les techniques de la plomberie d'art, qui consistent à façonner et souder des feuilles de plomb de plusieurs millimètres d'épaisseur pour couvrir des formes complexes comme celles de la flèche de Viollet-le-Duc, sont directement cousines de la zinguerie. Ces hommes et ces femmes, perchés à des dizaines de mètres de hauteur, ont redonné à la cathédrale sa cuirasse protectrice, dans le respect absolu des gestes d'autrefois. Ils ont montré au monde que ce savoir-faire n'était pas une relique du passé, mais une compétence bien vivante et indispensable.


Ces gars-là, ce sont les marins du bâtiment. Des acrobates silencieux qui jouent leur partition dans le vent, le froid, sous un soleil de plomb. Leur bureau, c'est le ciel de Paris. Je me souviens les regarder (quand j'étais jeune et sur les chantiers - pas encore le dos cassé), fasciné par leur agilité, leur absence apparente de vertige... C'est un ballet dangereux et précis, où chaque geste compte. Le poids du matériel, la pente, les intempéries... c'est un engagement physique total, un truc qui vous burine un homme. Franchement, chapeau bas les gars. C'est plus que de l'artisanat à ce niveau, c'est une forme de poésie urbaine, un truc qui vous prend aux tripes quand vous le voyez en vrai, et ça méritait bien plus qu'une simple reconnaissance, ça méritait les honneurs.


Pourquoi le zinc est-il si présent sur les toits de Paris?

Le zinc s'est imposé au milieu du XIXe siècle, sous l'impulsion du baron Haussmann. Il était plus léger que la tuile, ce qui permettait d'avoir des charpentes moins lourdes et de construire plus haut. Il est aussi très malléable, ce qui facilite le travail sur les formes complexes des toits parisiens, et sa longévité est excellente. Une histoire passionnante à découvrir sur le site de VMZinc (Veille Montagne) qui a bénéficié de ce filon!


Quelle est la différence entre un couvreur et un zingueur?

Même si c'est souvent la même personne, les tâches sont distinctes. Le couvreur s'occupe de la « peau » principale du toit (ardoises, tuiles...). Le zingueur se charge de tous les éléments métalliques qui assurent l'étanchéité des points singuliers et l'évacuation de l'eau (gouttières, contours de cheminées, noues...). L'ornemaniste se charge des éléments décoratifs (girouette, épi etc), c'est un artiste!


Est-ce un métier qui recrute encore aujourd'hui?

Absolument, beaucoup! La demande est immense, que ce soit pour l'entretien du parc immobilier existant ou pour les chantiers de rénovation. Les entreprises peinent à trouver des artisans qualifiés, et les jeunes formés sont assurés de trouver du travail (même s'il faut le dire, c'est très physique).


La reconnaissance de l'Unesco change-t-elle quelque chose concrètement?

Oui. Au-delà du prestige, elle met en lumière la noblesse et la technicité du métier. Cela peut susciter de nouvelles vocations et encourager la transmission des savoir-faire. C'est aussi une garantie de préservation de ces techniques uniques, qui pourraient sinon se perdre face à l'industrialisation (suivez mon regard vers les toitures moches en tuiles béton ou les toitures plates ignobles des HLM dégradés).

 
 
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